dimanche 21 décembre 2008

Interview : Statue Park

Statue Park, c'est un homme : Toby Cayouette. Seul dans son studio, ou arpentant les rues armé de son appareil photo, le multi-instrumentaliste montréalais a construit au fil du temps et des compositions un univers intriguant et envoutant. Il entretient un rapport tout particulier à la musique, que ce soit à travers ses sources d'inspiration hors du commun ou par sa manière d'aborder la musique de façon très spitituelle et réfléchie, voir anticipée. Comme si cette chose que la musique peut nous donner ne se révélait que grâce à une formule spécifique élaborée avec soin. Ce qui est sur, c'est que Toby sait créer l'étincelle. Rencontre avec le cerveau de Statue Park, qui nous livre des propos précieux et intelligents, qui traitent de musique avec le recul nécessaire qui trop souvent nous fait défaut, en ouvrant de nouvelles perspectives, loin de contextes habituels ennuyeux. Et n'hésitez pas à aller voir ses photos, ca permet de mieux comprendre le discours... Merci Toby !

La musique à Montréal, une scène intéressante ? (de tête, les très gros The Stills, les moins connus The Lovely Feathers) C'est dur de s'y faire une place ? Ou au contraire il y a une émulation ? Des groupes, des amis, des projets que tu pourrais nous faire partager ?
À mon avis, depuis maintenant une dizaine d'années, le scène musicale indépendante montréalaise est en plein essor. Jamais il n'y a eu autant de bonne musique à Montréal. Les groupes d'ici font facilement compétition avec les plus grandes villes de musique au monde (New York, Chicago, Londres, etc.). Il y a une certaine fierté d'en faire partie, surtout en tournée. Les gens apprennent que nous provenons de Montréal et disent: "ah ouais, c'est cool Montréal." Ce n'était pas comme ça dans le passé. La communauté est énorme et les liens entres groupes sont faciles et se multiplient toujours. C'est vrai toutefois que ça devient de plus en plus difficile de jouer dans les gros festivals, parce qu'il y a trop de groupes et que l'ampleur des festivals comme Pop Montréal, par exemple, leur donne le budget de faire venir Beck et Franz Ferdinand, plutôt que de se concentrer sur les groupes émergents locaux. Enfin, étant donné l'intérêt qu'on porte à la musique à Montréal, il y a toujours un public qui vient assister aux spectacles par simple curiosité, même s'ils ne connaissent pas le groupe, et ça, dans mon expérience nord-américaine, c'est vraiment hors du commun!

Bon, pour nommer quelques favoris montréalais, il y a, bien sûr, Godspeed You! Black Emperor, avec qui tout à commencé, à mon avis. Ensuite, il y a Pawa Up First, Miracle Fortress, Patrick Watson, Plants and Animals, Montag, Hexes and Ohs, et j'en passe.

Sur ta page myspace, tu as rédigé un journal de bord de ta tournée de 2005. Qu'est ce que ca fait d'être Montréalais fauché en tournée aux Etats-Unis ?
En fait, ça dépend du taux de change. ;) Autrement, règle générale, les américains ont une curiosité pour la musique montréalaise (merci Arcade Fire et Wolf Parade), ce qui est un avantage. Aussi, il existe, aux États-Unis, tout un réseau pour les tournées indépendantes, des salles, des radios universitaires, des hebdomadaires indépendants, etc, qui nous facilitent la tâche. Il en reste que c'est tout de même un travail énorme que de faire le booking d'une telle tournée soi-même.

Avec la crise du disque, les concerts semblent être une échappatoire, notamment pour les petits groupes… c'est vrai ?
Pas plus qu'avant. Les gens n'achètent plus de disques, mais je ne suis pas convaincu que cette tendance ait causé un afflux d'assistance aux spectacles. Je crois aussi qu'au niveau des labels indépendants, il y a beaucoup moins de différence dans les ventes que chez les majeures... De plus, les fans de musique indépendante achètent sans doute plus de disques que les autres, puisqu'ils sont conscients des réalités du marché de la musique. Comme, par exemple, ils achètent Bio, même si c'est plus cher...

J'ai un jour entendu que tout artiste faisait de la musique pour impressionner les filles, et j'ai cru comprendre que ce thème revenait souvent dans ton journal…
Haha! C'est certainement le cas pour certains. Pas pour moi. Jamais je n'ai fait de la musique pour impressionner quiconque. C'est un outil de création qui, au fil des ans, est devenu un besoin. Je fabrique de la musique compulsivement. Et d'ailleurs, lors du travail de création, je n'ai d'autre public en tête que moi-même. Simultanément, j'ai un historique assez catastrophique avec les femmes, et c'est un thème qui revient fréquemment dans mes chansons en mêlant autobiographie avec des contextes hors du commun tel que l'architecture et l'urbanisme.

Plus sérieusement, faire de la musique... dans quel but pour toi ? quelles sont tes motivations ?
Ouais bon, j'ai déjà un peu répondu à cette question mais pour donner un compte-rendu plus concis, je fais de la musique parce que j'ai besoin de créer une musique très précise que j'ai envie d'écouter et d'entendre, parce que je ne crois pas qu'elle existe ailleurs. Tout le reste est secondaire.

« Flashes of dissonance ». Ça à l'air passionnant. Pourquoi faire de la musique parfois dissonante?
Parce je veux que la musique soit un miroir de la vie. Une chanson, c'est un peu un récit, une trajectoire, avec un fil narratif. Et dans tout récit, il y a conflit. C'est la même chose pour la musique : il faut qu'il y ait des moments tendus et des moments paisibles. Il faut des contrastes. Il faut du mauvais temps pour apprécier le beau temps. De plus, les constructions harmoniques plus complexes sont celles qu'on finit par vraiment aimer, à force d'écouter. Bref, ça fait partie de l'univers sonore que je souhaite utiliser...

Pourquoi tu as choisi d'utiliser des beats électroniques ?
Parfois, c'est une question de nécessité, j'écris pas mal toute la musique de Statue Park seul dans mon studio, et j'arrive aux résultats voulus plus rapidement comme ça, mais c'est aussi une préférence esthétique - il y a toute une gamme de couleurs et de textures qui sont impossible à faire avec une vraie batterie. Toutefois, ma préférence est pour un savant mélange des deux. Et lorsque viendra le temps de ré-enregistrer ces chansons-là pour l'album (enregistrement prévu janvier/février 2009), ce sera un son plus organique qui sera tenté.

Le processus de création, c'est quelque chose d'assez particulier et de très intime… tu as des méthodes ? Comment t'inspires tu ?
Oui, alors c'est vrai qu'il y a plusieurs constantes dans mon processus de création. D'abord, j'écris les musiques et les textes indépendamment les uns des autres. Pour les textes, j'ai toujours un carnet avec moi et je note des idées, des passages, en m'inspirant à la fois de ma vie et de bouquins théoriques sur des sujets divers. En parallèle, je crée des morceaux, en partant de beats, de sons bizarres, des samples, des boucles, bref tout sauf la guitare. Depuis longtemps je me force d'écrire sur tout autre instrument que la guitare, pour éviter de tomber dans la répétition. Puisque la guitare est l'instrument que je maîtrise le plus, il est facile pour moi de rester pris dans des formules et des façons de faire qui deviennent des habitudes, et je veux éviter ça. Il y a mille chemins pour arriver à faire une chanson, et ce serait dommage et banal de toujours prendre le même.

Qui est Irene (.....) ?
Irène Jacob. Non, en fait elle n'existe pas Irene, je l'ai inventée de toute pièce. Pour moi elle représente un type, une catégorie de femmes : celles qu'on aime à distance, qu'on idéalise (les actrices, les mannequins, la grande brune qui travaille au café, etc) mais qu'on sait très bien qu'il faut éviter de connaître, afin d'éviter de rompre le mystère, parce que 99% du temps on sera déçu et notre amour disparaîtra. Peut-être vaut-il mieux continuer de les aimer à distance - de près, elles nous ennuieraient. Bon, je ne sais pas si je crois vraiment tout ça, mais c'est une belle histoire.


Toby Cayouette

De façon très surprenante, tu donnes comme influences l'architecture et le paysage urbain en général. Tu peux nous éclairer ? comment cela entre en interaction avec la musique ?
Le paysage urbain me fascine et me préoccupe. Cette préoccupation apparait de façon contextuelle dans les textes, et de façon analogique, elle crée un espace dans lequel la musique de Statue Park peut exister. C'est une influence indirecte bien sûr, mais elle a une influence certaine sur la musique, tout comme une pochette d'album peut avoir une influence sur notre perception et surtout sur notre expérience de la musique qui s'y retrouve. J'avoue que c'est un peu conceptuel tout ça, mais pour moi c'est devenu indissociable de Statue Park.

Parlons de toi maintenant. Tu as d'autres projets ? Quelle est ta chanson favorite de Statue Park ?
À l'heure actuelle, je suis à New York pour enregistrer un album avec un autre groupe, Chinatown (www.chinatownmusique.com), qui va lancer son premier album en Avril. Une sortie en France est souhaitée pour l'automne 2009. Dans Chinatown, un groupe rock francophone, je suis bassiste; je participe aux arrangements, mais pas au songwriting - je ne veux pas trop mélanger les plats. Autrement, je ne rate aucune occasion pour perfectionner mes talents de photographe (flickr.com/statuepark), et les occasions à New York sont nombreuses!

Le site officiel de Statue Park.
Ecoutez quelques chansons ici, ou sur la page Myspace.

vendredi 5 décembre 2008

Make money money

Pour tous ceux qui vont s'enfermer dans un bureau le reste de leur vie pour s'en mettre plein les poches, voilà la preuve que le quotidien au boulot peut être très divertissant, qu'on peut s'éclater en musique à coup de powerpoint et de vidéoconférence, habillé de cravates et tailleurs.

A moins que Wiley soit ironique ?

Wiley feat. Daniel Merriweather,
Cash In My Pocket :



La vidéo est donc très drôle. C'est un single extrait du troisième album studio de Wiley, See Clear Now, qui doit sortir en janvier 2009. Le titre en question est produit par Mark Ronson (voir le t-shirt, 1:16min), et le son est beaucoup moins grime qu'a l'habitude, contrairement au reste de l'album que Wiley lui même qualifie de "Commercial Grime". Voir les deux précédents singles du même album, Summertime et Wearing My Rolex (un carton en club).

Même si l'UK Grime n'est plus autant au goût du jour qu'il y a de ça un ou deux ans, on peut voir qu'outre manche, le genre se porte très bien, avec des leaders comme Kano ou Dizee Rascal toujours au top.

Juste pour se remémorer le bon temps, la vidéo de Fix Up, Look Sharp, tout premier single de Dizzee :

mardi 2 décembre 2008

Ninjaspark

Le moins qu’on puisse dire de cette musique, c’est qu’elle est addictive.

Mais pour commencer, je crois qu’un petit retour en arrière s’impose. On est à Stockholm, été 2007. Comme chaque année à cette période, Stockholm se déguise pour le Kulturfestivalen, qui va proposer un peu de tout de ce qui se fait dans ce pays en matière culturelle. Avec deux amis, nous débarquons de l’aéroport sans même savoir ce qui se trame. La ville et ses auberges de jeunesses sont pleines à craquer. Tant pis, on règlera le problème du logement plus tard. Direction les multiples scènes qui ont été montées un peu partout dans la ville, pour voir ce que leurs musiciens ont à nous proposer. Là, pas de chance, on tombe sur un groupe de pop-punk médiocre qui semble monopoliser la grande scène. Nous, on est des touristes complets ici. On se pose alors sur un banc, nos gros sacs devenant un peu pesants. C’est alors qu’au loin, j’entends un petit son synthétique. Je laisse mes amis fatigués, guidé par mon ouïe. J’avance, saute une haie, hume l’herbe verte. Et là, sous une tente, la petite scène est envahie par des kids enragés qui sautent et chantent en cœur sur un son de Game Boy. Trois blondinets se trémoussent sur scène et massacrent leurs claviers, mettent le feu. Une ambiance survoltée, des sneakers colorées, des bandeaux dans les cheveux et des sourires derrières les mèches blondes. On est à Stockholm, capitale de la 8-bit, des grands dégingandés dont le passe temps favori est d’inventer des danses absurdes, du fun décalé. Je comprends maintenant pourquoi il y a de cç seulement une semaine, ce suédois rencontré par hasard à Barcelone était si enthousiaste de pouvoir enfin parler tektonik avec un français. Bref, le groupe en question s’appelle Ninjaspark, la chanson en question s’appelle Skolavslutning 90 (en écoute plus bas), et reste un tube interplanétaire en puissance, ou au moins est ancré dans nos têtes au même titre que n’importe quelle chanson des Beatles.


Enfin, si on veut. Disons que cette musique peut toucher n’importe qui dans sa simplicité. Ca peut rentrer par une oreille et ressortir par une autre. Mais pour les oreilles aiguisées, éduquées au son de la Game Boy et autres Sega Megadrive ou Super Nintendo, c'est-à-dire toute notre génération, born in the 80’s, cette musique provoque instantanément une réaction des plus drôles. Putain, mais je connais cette chanson ! Non, c’est qu’elles se ressemblent toutes. Eux, ils remettent ça au gout du jour, armés de mélodies obsédantes et de rythmes entêtants. Ensuite, l’envie de sautiller comme un gamin est inévitable. Ces sons acidulés, et pourtant doux sont familiers. Le genre de truc que tu ne pensais plus jamais entendre. Ils arrivent à faire du nouveau avec du vraiment pas vieux. Seulement eux, ça fait déjà plusieurs années qu’en club ils s’éclatent sur une musique. qui est aujourd'hui récupérée par des groupes plus mainstream, comme les excellents Crystal Castles.

Ils ne se veulent pas sérieux. Allez donc voir leur site internet. C’est juste de l’humour. Mais on voit qu’en concert… ca rigole pas !!! M’enfin, pour citer mon ami Suédois de l’autre soir « It’s the best music ever to dance to ». J’ajouterai « It’s the best music ever to wake up to ». Tout est dit. Alors on écoutea notre 8-bit sagement en essayant de convertir des amis réticents. Mais allez écouter cette chanson de Ninjaspark. Il faut savoir que Ninjaspark est la version la plus pop de la 8-bit, ce qui est un gros avantage. Ils ne partent pas dans des délires geeks, contrairement à la plupart des adeptes de ce genre. C’est que la Game Boy est devenue un instrument à part entière, sur lequel ils installent un logiciel difficile à maîtriser. C’est tout un folklore, tout comme les noms des groupes et de leurs chansons.

- De Ninjaspark : Skolavlutning 90, Danskjavlar, et HAL 9000 (bourrée de références à 2001, L’Odysée de L’espace. Hilarant. Entrainant).

Ninjaspark - Skolavslutning 90

Ninjaspark - Danskjavlar

- Un pionnier du genre : Randomize, qui a du changer son nom en Randomizer car il était déjà pris par un groupe de R'n'B ricain. C'est excellent et un peu plus recherché. Toutes ses chansons sont en téléchargement gratuit sur son site, comme tous les artistes du label 8bitpeoples.

Random - Sitges Savepoint

Random - Spontaneous Devotion

- Toujours en Suède, les plus connus : Slagsmålsklubben, qui littéralement veut dire Fight Club, comme le film.

lundi 24 novembre 2008

Interview : François Virot


Une révélation, une claque. C’était il y a 5 mois maintenant, le soir où, par chance, j’ai ramené ce disque à la maison. Depuis, on ne peut plus s’en séparer. Le disque en question, c’est Yes or No, disque sorti chez Clapping Music et distribué par Abeille Musique. Une vraie perle. L’artiste, c’est François Virot. C’est un nom qui claque, comme le fait sa musique. François Virot, c’est quelqu’un qui fait danser une mélodie, et fait une mélodie avec un rythme. C’est quelqu’un qui est capable de créer des chansons monumentales avec presque rien. C’est quelqu’un qui porte sans complexe un nom très français et qui sort une musique sans âge ni nationalité, qui un à un nous met à genoux. C’est minimaliste, c’est Folk, c’est rugueux, et c’est grand, tout simplement. La musique fait un bond à chaque parole murmurée, toussotée, expulsée d’un corps qui semble être trop petit pour contenir autant d’inspiration bouillonnante. A chaque nouvelle piste, la musique s’envole doucement, et surement, pour atteindre un niveau de tension, mais aussi de sincérité désarmante. Une claque, je vous dis.



François Virot est jeune, lyonnais, et surement fier de l’être, vu le nombre de projets musicaux dans lesquels il est impliqué dans sa ville (voir les excellents See Hi Oh My, dont François est le chanteur, et leur ballade lunaire Cowboys, ainsi que les déroutants Clara Clara, plus proches d’une tornade Punk synthétique et démembrée). Voila, en France, on avait la French Touch, maintenant on a la Touche Virot, peut-être future fierté nationale.

N’hésitez pas à aller acheter le disque, ça vaut le coup.


Pour Médiocratie, François a gentiment accepté de répondre à quelques questions. Pour notre plaisir à tous, interview exclusive :

Tu bénéficie d'un certain buzz en ce moment, sur le web, mais aussi un article dans les Inrocks… Content ?
Carrément... j’aime ces chansons, ca fait plaisir de ne pas être tout seul a triper, hé hé.

Les quelques critiques que j'ai pu lire sont hallucinantes d'éloges. Tu t'y attendais ?
Disons que vu le temps que j’ai mis a enregistrer ce disque, les chroniqueurs l’attendaient. Je savais que les magazines en parleraient. Après, je n’étais pas si sur qu’ils aimeraient.

Et à l'étranger, comment es-tu accueilli ? En live, par exemple ?
A l’étranger, ca se passe plutôt bien... en live comme sur disque. Pour l’instant, c’est surtout au Royaume Uni que ca a pris. Aux USA ca commence a bien tourner aussi, le disque était 79eme du classement des radios des collèges et universités. Je crois que c’est cool, rien que de rentrer dans ce classement, pour un artiste français, hé hé.

Pour moi, l'histoire remonte en Janvier 2007 avec l'épisode #37 de la blogothèque. Ça fait presque deux ans, et tu sortais Tout Gâché, Tout Perdu. L'histoire de ta carrière solo, ça remonte à quand ?
Ca remonte a juin 2006, le premier concert que j’ai fait, a Lyon, avec Ramona Cordova. Depuis, j’ai fait un peu de chemin.

Tu affirmais alors que ça faisait seulement six mois que tu jouais de la guitare, c'était vrai ?
Ha ha, ça c’était marqué sur le site des concerts à emporter. En réalité, j’ai commencé la guitare très jeune... Mais j’avais arrêté pendant presque dix ans. J’ai repris avant de commencer le solo.

A cette époque, comment se fait la transition entre le groupe (Clara Clara) et ton envolée solo ? Difficile de passer de derrière les futs au devant de la scène ?
Non, ça me fait d’autant plaisir de repasser derrière les futs. Jouer tout seul, c’est un peu chiant des fois, surtout que j’ai fait que ça pendant un moment... Donc non, c est pas difficile, c’est tout ce que je demande! Hé!

Il y a ce titre de Clara Clara qui m’intrigue beaucoup : Observe ta Colère. D'où sort ce titre de chanson ? Qu'est ce que ça veut dire ?
Ha, j’en sais pas plus que toi, he he he he.

Aujourd'hui, on t'entend chanter sur certaines chansons de Clara Clara. Évolution logique ?
Hmmm... disons que ça fait un paquet de temps qu’on voulait du chant dans Clara Clara (avant même le projet solo). Donc oui, c’est une évolution logique.


Parlons de ta musique, maintenant. Cet album, un vrai travail de fond et des heures de boulot ?
Oui, mais je ne considère pas vraiment ca comme du boulot, je m’amuse surtout.

Ce style (ta voix, le son acoustique), tu le sors d'où ? Des influences ?
Heuu... Bah c’est ma voix... Alors j’ai pas trop le choix en fait, je chante comme je chante. Mais j’aime bien le rythme dans le chant... Aller vite...

Comment on fait pour faire de la bonne musique ?
? Je sais pas... Hé.

Sur scène, tu donnes l'impression de te dépasser à chaque fois, de tout donner. Tout est-il bien conscient dans ta musique ?
Non, pas vraiment... Et des fois c’est assez gênant. Il y a toujours une différence entre ce que les gens voient, et ce que je fais sur scène.
Une fois, j’ai joué au Deep Inside à Dijon, il y avait pas mal de fumée, ca me piquait les yeux, alors je me suis mis à pleurer. C’était hyper gênant de voir le regard attendri de certaines personnes du public, alors qu’en fait, c’était juste la fumée me piquait les yeux, Hé hé.

Tu souffres sur scène ?
Non, pas du tout.

T'écoutes quoi comme musique le matin au réveil ?
Snowqueen of Texas, de The Mamas & The Papas.

T'écoutes ta propre musique parfois ?
Oui, souvent, vu que j’en fais souvent.

Not the One, elle parle de quoi (qui ?)…
No comment.

Des projets musicaux, François ?
Clara Clara, No Snow, See Hi Oh My, et le solo, voila.


François Virot est en tournée partout en Françe (et ailleurs) jusqu'en Février :

25 novembre : Le Paradox à Marseille.
2 décembre : Le Legta à St Genis Laval.
6 décembre : La Maison du Peuple à Saint Claude.
22 décembre : L’Usine à Genève (Suisse).
27 janvier : Le Confort Moderne à Poitiers.
4 février : Salle Camille Claudel à Clermont Ferrand.
5 février : Le Bar de l’Eclusier à Niort.6 février : Le Bar Ouf à Cholet.
7 février : Le Lieu Unique à Nantes.
10 février : Le Gallion à Rennes.
11 février : Le Point Ephémère à Paris.
12 février : Le Grand Mix à Lille.
14 février : La Carène à Brest.
20 février : L’Emile Vache à Metz.

Deux "concerts à emporter" de François Virot, par la Blogothèque :



dimanche 23 novembre 2008

Andrew Bird : Un nouvel album pour ce drôle d'oiseau

Le 27 Janvier 2009 Andrew Bird sortira son nouvel album Noble Beast chez Fat Possum (pour ce qui est de nos amis américains). Le titre Oh No !, première chanson de son futur album est en écoute et en téléchargement ci-dessous.

Andrew Bird - Oh No

En 2005, il sort Andrew Bird & The Mysterious Production Of Eggs, un réel chef-d'œuvre. Sur la pochette on y voit un espèce d'extraterrestre vert en forme de mouton dans un style enfantin. A l'intérieur, des hommes à la têtes retournés, des chèvres en feu qui mangent un tarte etc. Bref, vous l'avez compris, ce drôle d'oiseau a un univers bien à lui. Idem pour sa musique. On reconnaît sa marque de fabrique assez facilement. Son violon, ses mélodies entêtantes, ses sifflements, et puis une voix posée et apaisante qui se balade avec une facilité déroutante.



Andrew Bird est passé dans le studio de Nigel Godrich, le fameux producteur de Radiohead, pour une session filmée impressionnante. Suivez le lien ! Il faut savoir que sur scène, Andrew abuse des boucles, que ce soit avec son violon ou sa guitare et il le fait très bien (tout comme Liam Finn, petit génie néozélandais Cf : post à venir).


samedi 22 novembre 2008

Vids of happiness

Quatre groupes, 4 chansons exceptionnelles, 4 vidéos, et autant de raisons d'être heureux.

Ce qui rassemble ces vidéos, donc, c'est la sensation de bonne humeur qui s'en dégage. Mais au delà du petit sourire qu'elles peuvent nous faire décrocher, on remarque que les images qui ont été ajoutées à la musique leur donne une saveur douce-amère des plus agréables. C'est l'art de mélanger bonheur et tristesse, comme dans le Folk.

Des couleurs pastel, une qualité d'image volontairement mauvaise qui donne au tout une apparence rétro, tout comme les costumes qui ajoutent au FOLKlore. Visages familiers, paysages quelconques. C'est qu'en fait, ça se passe dans le champ derrière chez vous. Les gens ne sont pas trop beaux, le ciel n'est pas trop bleu, et l'herbe pas trop verte. Finalement, ces vidéos sont bonnes car elles créent cette proximité à la fois désarmante et rassurante entre celui qui les regarde et les personnages mis en scène, le tout véhiculé par des compositions à la simplicité touchante.

Une préférence ?

- L'artiste folk de mon coeur, grand frère et père spirituel, Willy Mason, et son tout premier single Oxygen. Il est américain, et a un physique et une voix ultra-attachants. Son regard timide semble en permanence demander s'il est bien à sa place. Un artiste à connaitre. http://www.willy-mason.com/



- Les très drôles Larrikin Love, authentiques, et très Londoniens. Vidéo morbide, mais toujours attachante, surtout grâce à la bouille géniale d'Edward Larrikin, le chanteur. La chanson s'appelle Happie As Annie. http://www.myspace.com/larrikinlove



- Découverts cet été à la Maroquinerie à Paris, les teenagers californiens de Tokyo Police Club, avec
Your English Is Good. Si la chanson se résume un peu à un synthé ultra-catchy, la vidéo vaut vraiment le détour. http://tokyopoliceclub.com/




- Les londoniens de Noah And The Whale, avec
5 Years Time, et un Ukulele qui fait bien plaisir. La chorégraphie déchire. http://www.noahandthewhale.com/



T.

jeudi 20 novembre 2008

Air France "Socialist roof top music"


What the fuck ? Ca sonne bien. C’est ce qu’on lit sur la page myspace du duo suédois Air France. La page est habillée avec des couleurs pastel, un coucher de soleil sur un champ au printemps capturé par un vieux polaroïd. La musique, elle, n’est pas prétentieuse. Elle vous aborde avec gentillesse à coup de samples attachants, de voix féminines douces et lointaines, et de beats au son atténué, comme sortis tout droit d’un aquarium. Cet univers attire tout de suite. Il parait même familier. C’est que sans l’afficher clairement, le monde d’Air France est tout dans l’affectif. Ils vont chercher ce souvenir caché bien loin dans votre tête, d’un été au soleil à l’adolescence, d’un bout de bitume humide mais toujours chaud, et le rendent indispensable. C’est avec le sourire et à la fois beaucoup d’amertume qu’on apprécie leurs compositions qui vont de soi. On remercie ces deux jeunes gens, qui sans rien demander à personne, sont excellents dans l’art de la réminiscence. C’est en écoutant ce genre de composition qu’on se rend compte combien nous, auditeurs, pouvons être sensibles.

Mais le mieux, c’est qu’on n’a aucun compte à leur rendre. Pas de concerts, pas de promo. Les deux musiciens sont assez transparents. On dira que s’il est difficile de gagner sa vie en faisant de la musique et de devenir une rock star, on peut toujours être Air France. On fait de la musique, car on est des gens bien. Juste de la musique. C’est cadeau. Air France, c’est de la musique d’ascenseur. Anodine, anonyme, mais à la portée universelle. Le top de la musique d’ascenseur. Des pièces riches, qui n’en ont vraiment pas l’air.

D’ailleurs, Air France, c’est plus du cinéma, du rêve, du voyage, que de la musique. Des histoires sont racontées. Sur Karibien, on entend « Air France, emmène moi très très loin ». Oui, ces deux là peuvent aisément se comparer à la compagnie aérienne. C’est le même job.

Autre remarque importante. L’autre jour, j’étais dans mon avion pour Londres. Avant le décollage, il y avait cette musique de fond que j’ai tout de suite adorée. Celle du genre à rassurer les gens en avion, et qui ajoute à cette ambiance si particulière qui règne à bord des Aircrafts. Ambiance particulière ? C’est qu’on voyage en avion, pas en train ou en voiture. Si tu es dans un avion, tu as beaucoup de raisons d’être heureux. Sensation de légèreté, de privilège. Bref, cette musique collait très bien, et j’ai attendu avec impatience l’atterrissage pour l’entendre de nouveau, ce qui n’est malheureusement pas arrivé. Après coup, je me suis dit que Collapsing At Your Doorstep aurait été parfaite. Air France, c’est donc aussi de la musique d’avion. Et c’est un compliment. La boucle est doublement bouclée.

Vous connaissez Air France, compagnie aérienne haut de gamme. Oui, mais vous connaissez aussi Air France, de Göteborg.

Pour l’info, Air France sort un EP sur Sincerely Yours : « No Way Down EP ».

www.myspace.com/theairfrance

La vidéo de Collapsing At Your Doorstep :


T.